Mémoire de conscience….

Né pendant la première guerre mondiale (1917), Rochus Misch aura un départ plutôt difficile dans cette vie qui s’offre à lui. Orphelin très jeune il ne connaîtra pas son père. Blessé au front puis rapatrié, il décédera quelques heures à peine avant sa naissance. Sa mère, elle, ne résistera pas à une infection des poumons et mourra à son tour deux ans et demi plus tard.
Pris en charge par ses grands-parents maternels, il sera élevé à la campagne dans le petit village d’Alt Schalkendorf en haute Silésie. Son univers est calme, serein, il est loin des tumultes de la ville et des évènements politiques d’alors dans lesquels l’horizon de l’Allemagne s’annonce bien noir…Rien dans cette enfance qui est malgré tout heureuse, dans cette adolescence bien entamée en 1933, date où Hitler deviendra Chancelier, ne le prévaut au destin qui sera le sien.
En apprentissage pour devenir peintre, il aura son premier contact avec les "SS" lors des jeux olympiques de Berlin en 1936. Il a alors 19 ans.
Hitler est debout dans sa voiture. La foule exulte, hurle, il peut sentir toute cette émotion, cette joie intense qui émane de ces hommes et de ces femmes. Et là, aux côtés d’Hitler, il remarque ces hommes, ces colosses tout en noir au ceinturon blanc. Fiers, imperturbables, ils représentent la force, le pouvoir en place. Rochus Misch, pris dans et par l’effervescence de l’instant, se met alors à rêver d’en être, lui, le petit peintre campagnard….
Ce ne sera qu’un an plus tard, en 1937, qu’il incorporera l’unité "SS". Blessé en septembre 1939 lors de l’invasion de la Pologne, il sera rapatrié et deviendra garde du corps d’Hitler en 1940. A partir de cette date, son destin va suivre, pour ne plus le quitter jusqu’à sa mort, celui que l’on nomme le « chef »….
L’auteur qui puise dans sa mémoire, nous décrit ici ce qu’ont été ces moments passés en compagnie d’Hitler, d’Eva Braun, de Goebbels et des plus grands généraux du 3ème Reich. Ses moments d’intimités, cette promiscuité dans le "Führerbunker". Il nous relate ces moments troublants, cette peur, l’agitation des dernières heures, le chaos et la déchéance de cette grande Allemagne, jusqu’au suicide de celui (de ceux) qui rêvait de dominer le monde….
Dernier survivant de la garde rapprochée d’Hitler, l’auteur a décidé par le biais de ce livre, de soulager sa conscience. Il nous parle, raconte ce chemin parcouru auprès de celui qu’il a connu et vécu comme un chef, non pas comme un meurtrier, mais comme « un homme attentionné et gentil » avec lui. Sa mise à disposition permanente auprès du Führer, ne lui a pas permis de connaître cette guerre tel quelle fût. Fait prisonnier par l’armée Russe, ce ne sera qu’au retour de sa captivité, en 1955, qu’il aura connaissance des horreurs, des atrocités commises dans les camps pendant toute la période où cette homme « gentil et attentionné » fut au pouvoir….
En parallèle avec le livre de l’historien Joachim Fest "Les derniers jours d’Hitler" (Œuvre à partir de laquelle se fera le film d’Oliver Hirschbiegel "La chute" – 2004), ces mémoires se révèleront intéressantes pour tenter de mieux comprendre ce qu’a pu être cet homme assoiffé de pouvoir et aux rêves de conquêtes démesurées, celui qui fût à la base de l’Holocauste….
Pour les fans d’histoire de l’époque de la 2ème guerre mondiale et pour ceux qui veulent apprendre et mieux connaître ce que furent ces événements, cette période noire de notre passé…
(A noter l’avis de Rochus Misch sur le film "La chute" en fin d’ouvrage qui dénonce son côté quelque peu "opérette". Une interview de l’auteur et d’ailleurs disponible dans l’édition collector (3DVD) du film d’Oliver Hirschbiegel)